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Vivre avec des difficultés financières – doit il en être ainsi?

Capacité Financière CFEE10.31.19

Dans un article du Globe and Mail du 2 octobre dernier, Michael Babad a dressé, à partir de renseignements provenant du Conference Board of Canada et du cabinet d’audit BDO, un assez bon tableau statistique de la situation financière et de l’état d’esprit des Canadiens. L’évaluation sommative de Babad à partir des données fournies était la suivante : « Voici le portrait de la situation pour de nombreux Canadiens : fauchés, stressés et pas d’humeur à dépenser plus. »

Dans son article, il relève les points suivants :

  • la confiance des consommateurs a chuté de 5 points;
  • le ratio de la dette au revenu des ménages est maintenant de 177,1;
  • 53 % des Canadiens vivent d’un chèque de paie à l’autre;
  • 27 % des Canadiens ne peuvent subvenir à leurs besoins essentiels;
  • près de 70 % des Canadiens croient qu’ils n’auront pas assez d’argent pour prendre leur retraite.

La liste des statistiques pourrait s’allonger, mais cela suffit à dresser un tableau de la situation des ménages canadiens qui donne à réfléchir. Il y a une note d’espoir du fait que les Canadiens semblent maintenant se soucier davantage de rembourser leurs dettes, mais après seulement que tant de ménages ont dépassé de loin leur limite raisonnable d’endettement.

Comment en sommes‑nous arrivés là? Je vous mets au défi de trouver un Canadien qui dit avoir l’intention de vivre une vie faite de difficultés financières et d’anxiété. Qui veut de ça? Mais c’est pourtant la situation dans laquelle se retrouvent aujourd’hui tant de Canadiens. Et comme le confirmeront des organismes de santé mentale comme le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH), les périodes prolongées d’anxiété due aux difficultés financières peuvent entraîner des problèmes de santé mentale et avoir des répercussions sur les relations personnelles, la productivité au travail, le respect de soi, les interactions sociales, la propension au jeu, et sur bien d’autres aspects encore.

Donc, si personne n’en veut, pourquoi voit‑on si souvent des gens en difficultés financières? Il y aurait de nombreuses causes à examiner : la hausse du coût de tant de choses de la vie comme l’hébergement, l’éducation, l’énergie, etc.; l’emprunt à faible coût qui, dans le passé, incitait les gens à se procurer des choses convoitées dont ils n’avaient pas nécessairement besoin; l’endettement facile par l’augmentation des limites de cartes de crédit et les hypothèques de maisons de plus en plus coûteuses; la pression grandissante des pairs du fait des médias sociaux et de stratégies de marketing et publicitaires plus perfectionnées; la pression nécessaire pour suivre le rythme d’une famille, mythique peut‑être, qui semble dopée aux stéroïdes pour ce qui concerne l’hébergement, la voiture, l’éducation des enfants, le tout dernier téléphone cellulaire et l’habillement. Et la liste pourrait s’allonger.

La meilleure façon de rendre compte des dernières décennies pour les Canadiens et leur situation financière serait peut‑être de parler de « perte de maîtrise ». Ce que je veux dire par là, c’est que les Canadiens se sont désintéressés de la possibilité de maîtriser leur situation financière, de fixer leurs propres limites, de définir leurs propres besoins et désirs, de vivre selon leurs moyens, d’accorder de la valeur aux choses non matérielles de la vie pour ainsi devenir de plus en plus vulnérables au tourbillon des influences et mesures incitatives financières du monde qui les entoure.

À bien des égards, bon nombre des Canadiens aux prises avec des difficultés financières ne sont pas fautifs. Le monde de l’argent et de la finance est devenu très subtil, complexe et difficile pour ceux qui n’ont à pareil égard ni connaissances ni confiance en eux‑mêmes et qui n’ont jamais été suffisamment préparés aux décisions financières qu’ils auraient à prendre dans la vie.

La majorité des Canadiens n’a jamais reçu d’éducation financière, surtout adaptée à l’évolution rapide du monde financier actuel. Malheureusement, nous vivons avec le legs illustré par les statistiques présentées en début d’article.

Nous pouvons cependant changer l’avenir, en éduquant nos enfants et en les préparant à leurs futures décisions et responsabilités financières.

Dans la vie, de nombreux facteurs influent sur nos actions, et l’un d’eux, non négligeable, est notre degré de confiance. La confiance traduit ce que nous ressentons intérieurement vis‑à‑vis de nous‑mêmes et de nos capacités, mais elle peut s’exprimer extérieurement dans notre façon d’agir. En ce qui concerne l’aspect financier de leur vie, la plupart des Canadiens manquent de confiance, aussi bien dans leurs capacités que dans leur façon d’agir et de prendre des décisions.

Une personne confiante est plus encline à poser des questions, à s’appuyer sur ses connaissances pour prendre des décisions, à reconnaître qu’elle a besoin de conseils et à prendre des mesures pour les obtenir. Elle a plus de chance d’établir ses propres limites plutôt que de s’en remettre à celles prescrites par d’autres, de fixer ses propres objectifs selon ses besoins et ses désirs plutôt que de se laisser influencer par d’autres et, surtout, de posséder les connaissances, les compétences et la confiance nécessaires pour conserver la maîtrise de sa propre vie.

Nous devons faire ce qui est en notre pouvoir pour renforcer la confiance et les compétences en matières financières de la génération adulte canadienne d’aujourd’hui pour l’aider à lutter contre et, espérons‑le, à atténuer les situations de fragilité financière et de surendettement dans lesquelles elle trouve, pour redresser la barre pourrait‑on dire.

Mais aujourd’hui, l’avenir s’attarde dans nos salles de classe, sur les terrains de baseball, sur les patinoires de hockey, sur les pistes de danse, dans les centres commerciaux et sur le canapé du sous‑sol. Nous pouvons changer cet avenir et réduire radicalement le nombre de Canadiens qui vivront plus tard des difficultés financières anxiogènes. Nous pouvons accroître le nombre de personnes vivant selon leurs moyens et qui éprouvent le bonheur et le contentement de la vie qui peuvent en découler.

Mais nous devons agir maintenant et prendre des mesures pour éduquer nos enfants et renforcer leurs capacités financières pour leur permettre d’avoir confiance en eux, d’agir avec confiance et de se bâtir un avenir financier prospère.

Par Gary Rabbior
Président
Fondation canadienne d’éducation économique

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